Croissance morbide en Belgique

Source: District de Belgique - Pays-Bas

« Peine capitale », entre les mains d’un médecin

15% de croissance : de quoi faire rêver plus d’une économie occidentale frappée par la morosité. Mais les chiffres qui viennent d’être publiés au plat pays le 27 février 2024 ne mesurent pas l’évolution du PIB, mais la mort médicalisée et programmée. Une nouvelle fois, preuve est faite que les digues en matière d’éthique sautent l’une après l’autre sur le Vieux Continent, dans une indifférence quasi-générale.

Le funéraire n’est pas un secteur où le moral est en berne au Royaume de Belgique : la Commission fédérale belge de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie (CFCEE) a rendu ses résultats au terme de l’année 2023. L’organe de régulation a enregistré 3.423 dossiers de patients ayant mis fin à leurs jours en vertu de la loi sur le suicide assisté. Un chiffre en constante augmentation depuis des années, qui représente désormais 3,1% de tous les décès dans le royaume.

48,6% de ces euthanasies sont pratiquées à domicile, 17,4% en Ehpad – contre 16,4% en 2022 – et 32% en milieu hospitalier, y compris dans les unités des soins palliatifs.

Mais attention, un train peut en cacher un autre : une étude scientifique américaine parue dans le Journal of Pain and Symptom Management estime qu’à ces euthanasies déclarées, il convient en règle générale d’en ajouter environ 25 à 35% de plus.

La grande majorité des patients ayant opté pour ce mode de mort auto-décidée, étaient âgés de soixante-dix ans et plus (à 70,7%) tandis que le nombre d’euthanasies chez les moins de quarante ans demeure pour l’instant limitée, même si une adolescente de seize ans est à ranger parmi les victimes de la modification, en 2014, de la loi belge, permettant aux mineurs de recourir au suicide assisté. On en est plus à un tabou près.

Si le premier motif de demande d’euthanasie demeure toujours le cancer (55,4%), les poly-pathologies – le fait d’être atteint par au moins trois pathologies chroniques – sont de plus en plus invoquées, même lorsque le décès n’est pas attendu à brève échéance : faut-il y voir le signe d’une lente évolution vers une euthanasie de « confort » ?

Autre précision fournie par la Commission fédérale belge : les Flamands ont davantage eu recours à l’euthanasie que les Wallons (à 70% contre 30%). Ce qui confirme que l’euthanasie concerne davantage les couches aisées de la population, plus enclines à se laisser bercer dans un matérialisme où la vie humaine, lorsqu’elle ne correspond plus aux standards de l’efficacité du moment, n’a pas plus de prix qu’un déchet.

La Belgique est un parfait exemple de ce qui attend l’Hexagone d’ici quelques mois, car l’exécutif prévoit de présenter en avril prochain un projet de loi sur l’euthanasie « made in France ».

Avec dans tous les cas, le constat d’une même dérive : celle de sociétés pétries d’individualisme et de narcissisme, au point de légiférer pour donner à leurs citoyens la possibilité de maîtriser, tels des démiurges, l’instant de leur propre mort.

Ce qui revient en somme à proposer le choix de mourir tout en étant encore suffisamment en bonne santé pour le décider, afin d’évacuer l’image dégradée de soi-même impliquée par toute fin de vie humaine naturelle, image insupportable dans un monde qui a évacué le Dieu de la Croix.

Une évolution qu’il n’est pas difficile de discerner avec le recul. La contraception, comme l’avaient prévu les défenseur de l’ordre naturel, a porté l’avortement, conçu comme « réparation » des ratés de la « pilule ». L’avortement, d’abord présenté comme une « exception », une dépénalisation comme le dit le texte français, est aujourd’hui entré triomphalement dans le droit constitutionnel dans ce pays.

De l’avortement, qui est un meurtre quoiqu’en disent ceux qui ne veulent pas voir, l’esprit s’habitue à une domination sur la mort et ses circonstances : et c’est le passage à l’euthanasie et au suicide assisté, tout cela au nom de la “compassion”.

Mais ce processus est un changement civilisationnel profond qui déshumanise de plus en plus les êtres humains et fait progressivement des sociétés qui s’y sont engagées des déserts inhabitables. C’est le prix à payer pour le rejet de Dieu. L’on serait tenté d’imiter Diogène et de parcourir les rues en gémissant : « je cherche un homme ».