Le 4° centenaire de la mort de Saint François de Sales

Reconquête spirituelle et morale

« La société humaine sera améliorée, le jour où chacun sera résolu à remplir régulièrement son devoir avec un soin religieux »1 . Car alors, estimant les richesses éphémères et fragiles d’ici-bas à leur juste valeur, chacun sera plus appliqué à obtenir les biens éternels et impérissables. Ainsi pourrait-on résumer l’enseignement de Saint François de Sales proclamé Docteur de l’Eglise en 1877.

Ce grand évêque, mort le 28 décembre 1522, a formulé de manière excellente les principes et la méthode de sanctification pour tout état de vie et particulièrement pour les fidèles vivant dans le monde. C’est le contenu remarquable de son livre à succès : « Introduction à la vie dévote », encore édité de nos jours. Son œuvre de maturité « Traité de l’Amour de Dieu » détaille la vie spirituelle : contempler la charité de Dieu pour en vivre chaque jour. Ce traité est l’écho amplifié par vingt années de ministère, du célèbre sermon que jeune prêtre, il prononçait sur la reconquête de Genève tombé dans l’hérésie calviniste : « C'est par la Charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la Charité qu'il faut l'envahir, par la Charité qu'il faut la recouvrer ». Il y a aussi les entretiens et les lettres destinées aux Visitandines et en premier lieu à Sainte Jeanne de Chantal, cofondatrice avec lui, de l’ordre de la Visitation-Sainte-Marie.

Sa douceur et son aménité légendaires gagnées sur un tempérament colérique rendent Saint-François de Sales particulièrement attirant, tandis qu’autour de nous la violence multiforme se répand dans la société civile comme dans l’Eglise, hélas. Le grand évêque, fort dans la foi, intrépide dans son zèle, tenace dans l’action, nous apprends que la bonté et la douceur, fleurs de l’humilité et de la charité, sont les auxiliaires irremplaçables dans la reconquête spirituelle et morale nécessaire aujourd’hui. De la force est sortie la douceur - Heureux les doux, car ils possèderont la terre, enseigne l’Ecriture.

Là ne s’arrête pas l’œuvre de Saint François de Sales. Il y a encore, les nombreux sermons, controverses et tracts rédigés pour persuader les calvinistes de la vérité catholique. Ces discours et écrits ont déterminé à désigner St François de Sales, comme saint patron des éditeurs, des publicistes et des journalistes. Les esprits sont faits pour les idées vraies. Les idées vraies se communiquent par la parole et par l’écrit. Il faut de bons auteurs ; ils sont nombreux. Il faut aussi de bons lecteurs qui ne se dispersent pas dans l’éphémère des « nouvelles » et la fugacité des réseaux sociaux, mais qui se consacrent à nourrir l’intelligence par la lecture. Saint François de Sales est aussi le saint patron des sourds, pour avoir des années durant, assisté de sa charité un malheureux infirme. Pire que la redoutable surdité physique, il y a la surdité spirituelle qui empêche de percevoir l’Esprit-saint qui parle au plus intime du cœur.

Que ce quatrième centenaire de la mort de Saint François de Sales, donne occasion à nos lecteurs de connaître la vie et les écrits de Monsieur de Genève comme on l’appelait alors. Occasion aussi de réclamer au Ciel, de nombreux évêques tels que lui, pour l’Eglise qui en est si dépourvue actuellement. Sous sa figure tutélaire, puissions-nous, là où nous sommes, œuvrer davantage à la reconquête spirituelle et morale des esprits et des cœurs.

Abbé Patrick Duverger, Supérieur du district du Benelux

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• 1Pie XI – Encyclique Rerum Omnium Perturbationem – 26 01 1923 – Cf supra p.6